CLIMAX | Galerie Heinzer&Reszler | Lausanne, Suisse | 9février - 24 mars 2017

Artistes: M. Baselgia, P. Berthoud, S. Bouvier Ausländer, M. Gafsou, J. Hentsch, G. Porret

De la même manière qu’il n’est (pas ??’) de tendance qui ne finisse par se retourner, n’y a- t-il pas d’équilibre ne finissant par se rompre. L’exposition Climax explore ce moment de tension où, sans être déjà visibles, se mettent en place les éléments d’un retournement possible, d’une rupture venant achever un cycle arrivé à maturité.

George, la columba migranta reproduite sur la photographie de Mirko Baselgia représente un spécimen de musée d’un oiseau aujourd’hui disparu. Sur la photo il regarde toujours vers l'ouest, vers Cincinnati, où, en 1914, s'est éteinte Martha, la dernière représentante de son espèce, appelée ainsi en l’honneur la femme du premier président américain, George Washington. Très répandue dans le continent nord-américain au début du XIXe siècle, la colombe voyageuse a été victime de la chasse et du déboisement intensifs. La fiction créée par l’artiste, suggérant une histoire d’amour transatlantique, apporte un aspect romantique et émotionnel au drame de toute extinction.

L’intervention humaine aura eu raison de la colombe. Sur la place de la Riponne, immortalisée par le photographe Matthieu Gafsou, les pigeons descendants de George côtoient une autre catégorie d’individus à la fragilité avérée, les toxicomanes. Ces derniers, à leur manière luttent pour leur survie quotidienne. Pendant plus d’un an, Matthieu Gafsou a documenté la vie de cette population pour en sortir un documentaire composé de portraits plein d’empathie et de natures mortes des différents symboles de leur dépendance.

En 2015, Jérôme Hentsch a fait déposer le logo Too big to fail qu’il a créé auprès de l’Institut fédéral de la propriété intellectuelle. Cette expression d’origine économique se dit des grandes banques dont la faillite aurait des conséquences systémiques sur le système financier mondial. Même si elle est toujours d’actualité, elle a eu son heure de gloire en 2008 après que la banque Lehman Brothers eut fait faillite en raison de la crise des subprime. Cet événement a créé un selling climax – pression baissière - sur les bourses du monde entier. En apposant son logo sur des préservatifs, Jérome Hentsch suggère à l’inverse une forte pression haussière d’autant plus à propos que climax en anglais est aussi synonyme d’orgasme. Il révèle également dans ses encres sur papier journal Sans titre (WSJ 1 et 2), le nombre de fois que l’art apparaît dans l’austérité de deux pages de cotations boursières du Wall Street Journal.

Les Avalanche de Sophie Bouvier Ausländer, les Iceberg de Pascal Berthoud et la série de tableau de Gilles Porret évoquant une tempête de neige intitulées Etoiles de nuit et Etoiles du jour questionne aussi à leur manière la rupture d’équilibre dans l’écosystème qu’occasionne l’activité humaine sur la planète. Le détachement de la banquise est plus d’actualité que jamais quand en ce début d’année est en train de se créer l’un des dix plus grands icebergs de tous les temps, le Larsen C, qui est en train de se détacher de l’Antarctique et dont la superficie avoisine les 5000 km2.